La responsabilité des entreprises revêt plusieurs dimensions : sociale, environnementale, et économique. Dès aujourd’hui, la Data joue un rôle crucial pour être à la hauteur des enjeux de l’entreprise responsable. Cela au travers de ses modalités de valorisation d’une part et, d’autre part, des finalités poursuivies par les cas d’usage mis en œuvre. La prochaine étape vers une entreprise responsable et durable passe par plus de transversalité. La data est un accélérateur de cette transformation.

Note : Non seulement Responsable, mais aussi Efficiente et Ouverte, l’entreprise de demain est un ERO.
Voir l’article dédié à l’assureur ERO pour en savoir plus.

Une entreprise responsable : que quoi parle-t-on ?

3 dimensions complémentaires et liés entre elles

Depuis plusieurs années, cette thématique de l’acteur responsable / durable est progressivement entrée dans les préoccupations des entreprises.

Chacune l’a embrassée selon un angle différent. Pour autant, c’est une ambition qui tire plusieurs dimensions.
Il est nécessaire de passer d’une définition à géométrie variable à une vision claire et partagée de ce que couvre le sujet

On peut l’appréhender selon 3 dimensions :

  1. Responsabilité sociale
  2. Responsabilité environnementale
  3. Responsabilité économique

Ce qui est intéressant, c’est qu’elles s’influencent entre elles.

Responsabilité sociale

La responsabilité sociale est celle de l’entreprise consciente des défis sociaux de son époque et, par conséquent, engagée pour les relever.
Parmi eux et de manière non exhaustive :

  • Le vieillissement de la population
  • L’exclusion des minorités
  • La fracture générationnelle
  • La fracture numérique
  • L’évolution des modes de travail
  • La qualité de vie au travail et la symétrie des attentions
  • L’évolution des modes de consommation
  • Les nouvelles mobilités

Dans l’assurance, c’est l’angle pris naturellement par les acteurs mutualistes, les assurances santé, les groupes de protection sociale.

Responsabilité environnementale

Toujours dans l’assurance, la responsabilité environnementale, elle, est l’angle privilégié par les acteurs du IARD ainsi que celui qui a en premier influencé les activités des assureurs sur leurs actifs.

Sur la dimension environnementale, l’assureur responsable doit :

  • Évaluer l’exposition des biens assurés comme celle des actifs
  • Protéger en optimisant garanties, tarifs, produits et services proposés
  • Inciter au travers de sensibilisation, de prévention, et d’anticipation
  • Financer en menant des analyses extra-financières, et une politique volontariste d’investissements
  • Contribuer enfin en limitant son propre impact

Au sujet du financement, lors de la table ronde sur ce sujet à l’Argus Factory, Michèle Lacroix, Group Head of Sustainability à la SCOR, distinguait les renoncements, les financements et l’engagement.

Responsabilité économique

La responsabilité économique pour finir, car une entreprise ne peut être réellement responsable et utile que dans la durée. Elle doit donc être rentable.

On peut citer :

  • Les ratios prudentiels
  • La performance financière de l’actif
  • La capacité et la culture d’investissement raisonné

Les deux premières catégories sont particulièrement vraies pour les acteurs des services financiers, banquiers et assureurs. La dernière quant à elle s’applique à tous les secteurs : savoir préparer le futur sans mettre en danger le présent.

Une question et un rôle d’actualité

Pour certains acteurs, comme les mutuelles, cette responsabilité sociétale est historique. Pourtant, cette question de l’entreprise responsable est plus que jamais d’actualité, et cela, pour 3 raisons.

  1. La réglementation
    À commencer par la dernière en date : la CSRD

    Ce qui est intéressant avec la CSRD c’est qu’il ne s’agit pas d’une mesure supplémentaire d’atténuation, mais bien de mesure d’adaptation des sociétés elles-mêmes avec des impacts concrets
  2. La seconde raison, ce sont les impacts tout aussi concrets du dérèglement climatique qui frappent le monde et la France. 2022 signe bon nombre de tristes records
  3. La troisième, enfin, c’est vous, c’est nous tous
    C’est la prise de conscience et l’attitude des consommateurs et décideurs que nous sommes tous

Le rôle de la Data devient central

Avec la mise en œuvre de la nouvelle directive relative aux informations extra-financières (CSRD), la question des données devient centrale dans la stratégie RSE des entreprises. Comme bien souvent, la contrainte doit aussi être vue comme une opportunité ainsi qu’un vecteur d’innovation. C’est le cas à 3 niveaux :

  1. Dans la manière de traiter les données
  2. Dans la finalité de ces traitements
  3. Enfin, dans la manière d’envisager l’expérience client

Une donnée responsable par ses modalités de traitement

Toutes les entreprises utilisent des données ainsi que des algorithmes pour mener à bien et optimiser leurs activités. Mieux mener ces traitements, c’est déjà faire un grand pas vers plus de responsabilité. On peut ainsi penser à :

  • Leur explicabilité
  • L’absence de biais pour garantir la diversité, l’équité et la non-discrimination
  • Le respect de la vie privée
  • La place de l’humain
  • La robustesse et la sécurité des traitements face à des attaques malveillantes
  • Le cycle de vie et la maintenabilité des SI et des algorithmes
  • L’empreinte énergétique associée

Une donnée responsable par ses usages et ses finalités

Les exemples de cette partie se concentrent sur le secteur de l’assurance. Il est aisé de trouver des illustrations pour les autres secteurs de l’économie.

Protéger au bon moment, de la bonne manière grâce aux données : en ciblant, en anticipant et en automatisant

J’ai pu travailler en 2021 à, enfin, rendre très concrète l’approche par moments de vies chez un acteur majeur de l’assurance santé en France. Près de 10 ans après mes premiers accompagnements sur cette thématique, c’est avec un mélange de satisfaction et de soulagement que je vois le sujet prendre la dimension qu’il mérite, au-delà d’un discours de façade et d’un arc-en-ciel de PoC.

On peut aussi penser à des logiques de Pay As You Drive et Pay When You Drive avec des acteurs comme Lovys, Wilov ou encore Axa

Bien exploiter ses données, c’est aussi limiter les dégâts et agir vite

J’ai un faible pour les partenariats passés par Axa, Macif, Mutuelle des Motards, ou encore April avec des acteurs comme l’airbag connecté d’In&Motion et l’application Liberty Rider qui automatise et géolocalise l’appel aux secours en cas d’accident.

On peut aussi penser à la startup XXII qui a entraîné une intelligence artificielle à reconnaître des départs de feux de véhicules et de poubelles pour aider les pompiers.

Enfin, les données permettent de proposer une expérience client optimale et donc responsable

C’était le thème de mon intervention précédente à un événement de l’Argus (Next Insurance), je ne vais donc pas en faire la redite ici. D’autant que l’article associé et en cours de rédaction avec une première partie publiée.

En synthèse, les données permettent déjà de :

  1. Mettre sous contrôle ses parcours clients
  2. Optimiser l’intelligence des interactions
  3. Automatiser lorsque c’est pertinent
  4. Donner toute sa juste place à l’humain et d’augmenter les collaborateurs

Une transversalité à faire grandir

Comme toutes les grandes transformations, la transition écologique et sociale embarque l’ensemble de l’entreprise. La data peut jouer un rôle dans l’organisation de cette transversalité.

En effet, comme le digital hier et la Data aujourd’hui, la RSE ne pourra changer d’échelle et véritablement avoir un impact qu’en devenant nativement transverse.

On a dans un premier temps nommé des chiefs Digital, chiefs Data, chiefs Transition ou encore chiefs RSE officers, mis en place les organisations et les plateformes qui vont bien, délivré les premiers d’usage et obtenu des premiers bénéfices mesurables.

Mais le paradoxe, c’est que l’on est en train de recréer les silos que l’on s’évertue à casser.

C’est pour cela que l’on doit voir émerger de nouvelles organisations où ces enjeux sont embarqués au sein des différents métiers et de l’IT plutôt que dans des directions spécifiques.

Mieux, cette transversalité doit dépasser l’entreprise et permettre de créer des chaines de valeur responsables de A à Z en mêlant plusieurs acteurs se permettant chacun de tenir leur promesse.

  • Damien Berger

    Damien dirige les activités Data & IA pour l'Assurance et la Protection Sociale chez Sopra Steria Next.

    Il définit l'entreprise de demain comme celle capable de tenir ses promesses car elle est un ERO : Efficace, Responsable et Ouverte.

    Pour cela, il accompagne les grands acteurs de l’assurance et de la protection en mettant la Data et l’IA aux services de leurs transformations.

    Le domaine d’intervention de ses équipes va de la définition de stratégie Data avec les directions générales, au déploiement industriel d’usages au cœur des processus métiers en passant par la mise en œuvre des prérequis techniques et humains.